Le contexte n’y invite sans doute pas encore, mais un rappel à la situation des Arts et spectacles,à celle des festivals d’hiver et d’été, aura son utilité.
Les raisons ?
Qu’en est-il d’abord (qu’en sera-t-il) des artistes eux-mêmes ? Voilà près de seize mois, condamnés à l’arrêt,pour la plupart livrés au besoin. Un peu partout en Europe, jusque près de nous ,en Egypte, les syndicats ont agi à temps,réservé des fonds. Mieux,beaucoup mieux,la pandémie y est à peu près stoppée,des théâtres rouvrent petit à petit,des cinémas refonctionnent,des concerts tests s’organisent. Ici rien ou alors si peu. Des professions entières crient à l’abandon. La belle saison est aux portes et les vagues de corona risquent de s’étendre loin. Il y a ,ensuite, à craindre pour « l’équilibre des populations ».Sans les arts,sans les artistes,sans les spectacles,sans les divertissements,la règle est universelle,les sociétés dépriment. Perdent patience. Parfois sagesse et raison. Les confinements ont débouché sur des records de suicide partout dans le monde. Ici, on y ajoute toutes formes de violences. L’État lui-même est menacé. Une nécessité,enfin. Grande et incontournable nécessité. Le rappel à la difficulté des Arts et des artistes implique une stratégie. Nos théâtres chôment, nos artistes sont dans le besoin,nous avons du mal à maîtriser la pandémie,que préconisons-nous pour demain ? On ne peut continuer à subir ainsi,sans s’inquiéter d’une issue. D’une sortie. L’utilité est précisément là. Sans doute non encore dans l’atteinte,mais dans l’inquiétude d’une solution. À vrai dire,maintenant, nos erreurs remontent à loin . A bien avant le corona. A commencer, reconnaissons,par les lacunes législatives béantes depuis des décennies…Le statut de l’artiste, par exemple. A ce jour régulièrement invoqué, chaudement commenté, mais à chaque fois négligé puis rejeté. Les droits d’auteur, aussi. Dont tout le monde reste inexplicablement privé. Et puis encore les incohérences et les entraves de l’administration culturelle et de la pratique festivalière. Il se dit et se répète aujourd’hui que la pandémie a condamné les artistes au chômage et au dénuement. Pour beaucoup, c’était déjà le cas avant. Bien avant. Par manque de statut. Par absence de droits. Les festivals comptent aussi leurs injustices et leurs « victimes »… Mauvaises commissions et faveurs indues. Le corona n’a fait que compliquer et justifier après coup. La révolution, elle, comme en tout, n’a amélioré ni les Arts,ni les Artistes .Ni diverti les populations. Une bonne illustration,peut-être. Le cas des JMC et du festival de la chanson. Les JMC sont nées en 2010 dans le but de suppléer un festival de la chanson tunisienne pratiquement sur ses fins. Première session ,puis interruption de quatre années. Reprise en 2016 et pendant quatre années encore sans grand écho et sous-pression des partisans de l’ancienne école. Conclusion en 2021 : le vieux festival revient, et les journées musicales se poursuivront dans quatre mois. Rivalité inféconde pour l’heure. Et double emploi. Sans créations notables. Sans ambition. Difficile d’accuser le corona.